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Marcion d’avoir tu tout ce que saint Matthieu dit des Mages et d’Hérode, et tout ce que saint Luc rapporte de l’adoration des bergers. Puis il ajoute : « De quelle autorité as-tu agi de la sorte ? —Es-tu prophète ? Montre-le, Marcion, et prophétise. — Es-tu apôtre ? Montre-le par des signes publics. — Es-tu un homme apostolique ? Mais alors, parle comme les Apôtres. Si tu es simplement un chrétien, crois donc à l’enseignement traditionnel des chrétiens. Si tu n’es rien de tout cela, je te dirai : tu es mort, puisque tu ne crois pas ce qui fait vivre. Tu as été chrétien, mais tu ne l’es plus ; tu as renié ce que tu croyais, ainsi que tu l’avoues toi-même dans une lettre, in quadam epistola 1. Ailleurs, Tertullien parle encore de cette lettre dans laquelle Marcion déclare avoir mutilé de sa propre main l’évangile de saint Luc : Igitur rescindens quod credidisti, jam non credens rescidisti... Et tui non negant, et nostri probant !.. Quod erat traditum rescindais, quod erat verum rescidisti 2 ! Il est donc manifeste, par le témoignage de Marcion lui-même, qu’il a retranché des Evangiles ce qui gênait son hérésie. Tertullien le dit en vingt endroits. Citons-le une dernière fois : Si Scripturas opinioni tuœ resistentes non de industria alias rejecisses, alias corrupisses, confudisset te in hac specie evangelium Joannis, prædicans Spiritum columbœ corpore délapsum desedisse super Dominum 3. On ne peut donc douter, d’abord, que les Marcionites

1 Tertul. de carne Christi.

2 Tertul., Marc, IV, 4.

3 Tertul. de carne Christi, ch. III.