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découvert la vérité et la possèdent sans mélange Voilà ce qui s’appelle blasphémer sans pudeur l. » Plus loin, saint Irénée ajoute : « Les Apôtres, disent les Marcionites, sentaient et pensaient comme des juifs ; mais ces hérétiques se déclarent plus véridiques et plus prudents. Ils se sont mis donc à mutiler les Ecritures, choisissant celles-ci, écartant celles-là, n’acceptant pas même en entier les parties qu’ils ont adoptées. Ils n’estiment légitime que ce qui a passé sous leurs ciseaux : Hœc sola légitima esse dicunt, quœ ipsi minoraverunt 2. Saint Irénée disait donc à Marcion, sans que ni lui ni ses disciples aient essayé de le démentir : « Vous rejetez le Nouveau Testament, à l’exception de saint Luc et d’une épître de saint Paul ! »

Il est permis de conclure que Marcion connaissait tout le Nouveau Testament, ce qu’il en acceptait comme ce qu’il en rejetait. S’il en condamnait une partie, n’allez pas croire que c’était parce qu’elle manquait d’authenticité ? Non, Messieurs, Marcion rejetait tout ce qui lui paraissait trop favorable à la loi ancienne. Quant à sa prétention d’être mieux informé que les Apôtres, elle est ridicule, et je ne m’y arrête pas. Je dégage de ces prétentions l’aveu de Marcion que les Apôtres sont les auteurs des Evangiles, et cet aveu me suffit.

Tertullien a écrit aussi contre les Marcionites, au moment où leur erreur était le plus répandue. Il reproche à

1 S. Irénée, liv. III, ch. II.

2 Id, liv. III, ch. XII, § 12.