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blir nos preuves, aucun écrit de cet hérésiarque ; mais les Pères qui l’ont cité et réfuté, au moment où ses disciples étaient répandus dans tout l’empire romain, nous ont fait connaître ses opinions.

Je lis dans saint Irénée, son contemporain : « Marcion, de la province du Pont, succédant à Cerdon, a ajouté à la doctrine de cet hérésiarque ; il a blasphémé impudemment le Dieu qu’ont proclamé la loi et les prophètes, le représentant comme avide de maux et de guerres, plein d’inconstance et de contradiction... Marcion a mutilé l’évangile de saint Luc, retranchant la généalogie du Christ et beaucoup de vérités doctrinales dans lesquelles Jésus reconnaît manifestement le Dieu créateur pour son Père ; se proclamant, lui Marcion, plus véridique que les Apôtres , auteurs des Evangiles, le faisant croire à ses disciples , et leur mettant dans les mains non l’Evangile, mais une partie de l’Evangile. Il a mutilé de même les épîtres de saint Paul, retranchant tout ce que cet apôtre a dit de Dieu créateur du monde, Père de Jésus-Christ, et toutes les prophéties annonçant l’arrivée du Seigneur 1 » Je lis ailleurs dans le même ouvrage : « Marcion et les autres hérétiques rejettent la tradition, se disant non-seulement plus sages que les prêtres, mais plus sages encore que les Apôtres. Ceux-ci, suivant eux, auraient mêlé les choses légales de l’Ancien Testament aux paroles de Jésus-Christ, et les paroles de Jésus-Christ à celles du démiurge. Eux seuls, ces hérétiques ont

1 S. Irénée, Traité contre les Hérésies, L. l, ch. XXVII, § 2.