a-t-il dit, mais l’accomplir. Le divin maître en appelle sans cesse au Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, qu’il nomme son père, à Moïse et aux prophètes qui ont préparé sa venue. Pour résoudre cette difficulté, Marcion s’inspira de l’exemple des Ebionites. Ceux-ci avaient rejeté les Evangiles qui n’étaient pas assez juifs ; il rejeta ceux qui l’étaient trop, selon lui. Les premiers avaient mutilé l’évangile de saint Mathieu, le seul qu’ils eussent conservé ; Marcion mutila, à son tour, l’évangile de saint Luc, le seul qu’il respectât. Car même les parties du Nouveau Testament choisies par les hérétiques pour étayer leurs systèmes condamnaient ces systèmes. Saint Luc était trop juif pour les Marcionites ; saint Mathieu ne l’était pas assez pour les Ebionites. — La raison pour laquelle Marcion adoptait entre les quatre Evangiles celui de saint Luc, est bien facile à trouver. Saint Luc était disciple de saint Paul, et saint Paul prêchait l’inutilité des observances mosaïques pour le salut. Cette préférence donnée à saint Luc permettait à Marcion d’invoquer contre les Juifs l’autorité des disciples de saint Paul. On pense qu’au moment où Marcion prêchait ses erreurs à Rome, il existait une réaction violente contre les chrétiens judaïsants, et que l’hérésiarque profita de cette disposition des esprits. Permettez-moi, Messieurs, d’établir par les aveux de Marcion lui-même, d’abord, qu’il a mutilé saint Luc ; ensuite, qu’il ne niait point l’authenticité des trois premiers Evangiles, se bornant à les rejeter comme judaïsants. Nous n'avons plus malheureusement, pour éta¬
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