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de la loi ancienne. Le Dieu de la Bible, Jéhovah, seul, était Dieu. Jésus-Christ, à la vérité, était le Christ-Messie, mais ce Christ-Messie n’était qu’un homme, né sans miracle de la Vierge Marie. — Dans le système de Marcion, au contraire, Jéhovah est un Dieu subalterne, une émanation déjà éloignée de son principe divin, un éon, un démiurge qui a emprisonné les âmes dans la matière ; c’est le principe du mal sur la terre, l’auteur des infortunes auxquelles l’humanité est en proie. Jésus-Christ lui, est l’éon libérateur qui a délivré l’homme de la servitude de la matière et lui a révélé la gnose. Voilà le point de départ du système de Marcion à l’égard de nos saintes Ecritures. L’Ancien Testament, disait-il, est tout entier composé en l’honneur de Jéhovah : c’est donc un mauvais livre. Il cherchait à prouver cette étonnante proposition, en relevant et en rapprochant tous les textes, qui, mal compris, mal interprétés , pouvaient montrer que le Jéhovah des Hébreux était, en effet, un dieu anthropomorphe, injuste, jaloux, colère, vindicatif et cruel. Le Nouveau Testament, au contraire, était, ajoutait-il, digne de tous les respects, car il célébrait la vie de Jésus, de ce Dieu miséricordieux, doux, tendre, qui avait appelé à lui toutes les nations et affranchi l’homme de la dure loi des Hébreux. Entre ces deux Testaments, il y avait, suivant Marcion, un infranchissable abîme.

Une grande difficulté s’élevait contre le système de Marcion. Dans nos saints Evangiles, Jésus montre un grand respect pour la loi de Moïse : il n’est pas venu la détruire,