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triomphé, le monde serait devenu dualiste ou panthéiste. Saint Paul et saint Jean les combattirent sitôt qu’ils se montrèrent. Plus tard, saint Irénée, Origène, Tertullien, Eusèbe, saint Epiphane, les déclarèrent les ennemis mortels de la foi. C’est donc à bon droit que je les place parmi les ennemis de l’Eglise, et que je classe les témoignages qu’ils vont tout à l’heure déposer en faveur de nos Evangiles parmi ceux de nos adversaires. Ce que je vous ai dit de leur doctrine vous fera mieux apprécier leurs aveux, et vous aidera aussi à les comprendre.

Aujourd’hui, je viens vous parler des Marcionites, secte gnostique qui eut de nombreux partisans et organisa une Eglise, dressa autel contre autel et espéra se substituer à l’Eglise apostolique. Les phases diverses qui marquent l’existence de cette secte, depuis son berceau jusqu’à sa mort, occupent l’espace de temps qui s’écoula entre le deuxième et le cinquième siècle. Marcion, son fondateur, naquit vers le commencement du second siècle, dans la province du Pont, en Asie Mineure. Sinope fut sa patrie. Le gnosticisme, qui prit naissance dans le voisinage de la Perse et de la Palestine, avait-il déjà pénétré jusque-là ? C’est un problème. Ce qui est certain, c’est que Marcion, d’abord catholique, fut obligé de quitter Sinope : il vint à Rome, où il trouva Cerdon. Cerdon, syrien de naissance, habitait Rome sous le pontificat de Hygin, et il y répandit le gnosticisme. Comment et pourquoi Marcion se fit-il disciple de Cerdon ? Les catholiques contemporains de Tertullien nous fournissent une réponse à cette question.