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dégradations humaines. Aristote, au milieu des splendeurs et des gloires du siècle d’Alexandre, nos philosophes modernes , jouissant du bien-être social créé par le christianisme , n’ont point vu de près, n’ont point étudié à fond les abaissements et les malheurs de l’homme. Il n’en pouvait être ainsi en Orient, le pays des esclaves, des castes, de l’avilissement de la femme, de l’oppression brutale de la faiblesse par la force. Les esprits sérieux ne pouvaient se contenter d’une philosophie qui trouvait l’esclavage tout naturel, faisait de la misère et de la dégradation des uns la condition du bien-être et de la dignité des autres. Les Orientaux cherchaient à s’expliquer les infortunes de l’homme et ses abaissements étonnants par la domination illégitime d’un principe mauvais ; au-dessus de tous ces malheurs, ils faisaient planer une espérance, celle d’une rédemption. Le christianisme apportait au monde la solution de ces énigmes terribles sur lesquelles s’étaient exercés en vain les plus pénétrants esprits. Cette solution, les Gnostiques l’acceptaient ; mais accoutumés au syncrétisme, qui, depuis Alexandre le Grand, mêlait les spéculations orientales aux spéculations grecques ; attachés aussi aux idées cabalistiques, égyptiennes ou syriennes, ils unirent dans un mélange bizarre les philosophies de l’Orient et les dogmes chrétiens. Ces demi-convertis, au lieu de renoncer aux systèmes dont ils avaient été jusque-là si épris, cherchèrent au contraire à leur donner la prédominance sur l’élément chrétien. Ils livrèrent, pour leur assurer cette domination, une lutte acharnée. S’ils avaient