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en Orient, et elle consistait en tableaux, en personnifications, en allégories. Le philonisme et le néo-platonisme se retrouvaient dans le Gnosticisme.

Maintenant, Messieurs, ne faut-il voir là que des rêveries puériles, de pures débauches de l’imagination orientale, indignes de l’histoire et de l’attention d’un homme sérieux ? Mon avis est qu’il faut y voir autre chose. A travers des erreurs et des exagérations évidentes, il faut discerner de grandes vérités. Sous une forme fantastique, en effet, la philosophie orientale est profonde. Oui, Messieurs, la philosophie de la Perse, de l’Inde et de l’Egypte professait de grandes vérités, défigurées sans doute, mais cependant reconnaissables : la chute originelle, la dégradation de l’homme dans l’état et la condition où il naît, et le besoin de sa réhabilitation. Pour elle, l’homme était tel que l’a dépeint le poète :

Borné dans sa nature, infini dans ses vœux,
L’homme est un roi tombé, qui se souvient des cieux.

La philosophie orientale avait le sentiment de la grandeur de l’homme et de sa misère ; elle nourrissait l’ambition de le guérir de l’une et de lui faire reconquérir l’autre. Le Brahmanisme et le Bouddhisme accomplissent leurs évolutions sur cette base qui est aussi celle du christianisme. La philosophie grecque et la philosophie moderne ne descendent point à ces profondeurs. L’idée de la chute et celle de la rédemption leur sont étrangères. Trop satisfaites d’elles-mêmes et de l’humanité, ces philosophies n’ont jeté qu’un regard superficiel sur les misères et les