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pation d’imposture jetée à la face du Christ et des Apôtres, on la trouve dans la philosophie du temps. On peut s’étonner que les athées et les matérialistes du XVIIIe siècle formulassent, je ne dis pas sans rougir, je ne dis pas sans regret, je ne dis pas sans embarras, mais avec une voix de triomphe et un accent de plaisir, l’accusation outrageante d’imposture contre des hommes et des livres qui fournissent tant de preuves de leur sincérité. Celui qu’ils blasphémaient était le Christ que tant de siècles avaient adoré, aux pieds duquel tant de douleurs s’étaient agenouillées, tant d’âmes avaient été consolées, tant de cœurs fortifiés ! Comment se fait-il, lorsqu’il existe, nous le savons aujourd’hui, tant de moyens plus raffinés de dépouiller les Evangiles de leur autorité et d’ôter au Christ son auréole divine, comment se fait-il que les encyclopédistes se soient résolus à employer l’injure, à compromettre la dignité de leur cause par les accusations si dures, si excessives, si invraisemblables, d’imposture et de mensonge, adressées à Jésus dont la vie et les paroles reflètent, d’un bout à l’autre des évangiles, la simplicité, le calme, et, j’oserai dire, la divine ingénuité de l’absolue vérité[1] ? Je le répète, les principes de la philosophie des encyclopédistes nous donneront cette explication.

Hobbes, dès le XVIIe siècle, avait inauguré une morale toute sensualiste, ayant pour principe et pour base l’intérêt. Helvétius, d’Holbach, Humes, au XVIIIe siècle, en

  1. Voir et méditer les pages 10 et 11 du mémorable mandement pour le carême (1864) de Mgr l’archevêque de Paris