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allant droit à elle, en la prenant corps à corps, en l’étouffant dans les voluptés, en épuisant toutes ses forces dans l’ardeur de l’assouvissement. Ils estimaient souveraine cette manière de vaincre la matière, et cette méthode immorale, ils l’appelaient antinomie. C’était de l’oméopathie morale, ou plutôt un effroyable libertinage masqué sous les dehors de la piété.

Il faut ajouter cependant, pour être juste, que ce fut le petit nombre des Gnostiques qui donna dans ces excès. De telles énormités ne peuvent se répandre et devenir populaires. Par la volonté de Dieu, la voix de la conscience protesté contre toutes les exagérations : la nature est plus forte que les systèmes.

En résumé, voici les principes du Gnosticisme : le dualisme dans le monde ; Dieu et la matière, le bien et le mal. Entre ces deux extrêmes, des êtres émanés du bon principe s’engendrent les uns les autres, et leur bonté diminue en raison de la distance qui les sépare de Dieu. C'est l’un de ces êtres intermédiaires qui a créé le monde et emprisonné l’âme humaine dans un corps d’iniquité. Un éon supérieur est venu affranchir cette captive, lui révéler son état, lui apprendre une science, la Gnose ; lui indiquer le moyen de gouverner le corps, l’ascétisme. Les systèmes gnostiques, vous le comprenez, ne pouvaient être exposés dans une forme logique ; ce n’était point une série de propositions évidentes, étroitement liées les unes aux autres ; non, la forme de ces systèmes était tout apocalyptique : c’était celle que la pensée revêt volontiers