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Les problèmes qu’ils s’efforçaient de résoudre étaient d’un ordre transcendant. D’où vient le mal ? Qu’est-ce que la matière ? Comment le monde a-t-il été formé ? Comment l’esprit et la matière se trouvent-ils associés ? Comment peut-on affranchir le premier de la domination de la seconde ? Comment l’homme peut-il être sauvé et accomplir son retour vers Dieu ? Le christianisme répondait à toutes ces questions ; mais les solutions catholiques étaient trop simples. Le mal, dit le christianisme, a pour cause le mauvais usage de la liberté. La matière, le monde, le cosmos est le produit de l’action créatrice de Dieu. L’homme retourne à Dieu par le Christ, en suivant les préceptes qu’il a donnés, et en s’appliquant la vertu des mérites de sa rédemption. Les Gnostiques trouvaient cette solution vulgaire et insuffisante : c’était au platonisme et aux doctrines de l’Inde et de la Perse qu’ils demandaient le dernier mot de ces grands problèmes. Ils prenaient seulement au christianisme l’idée de la rédemption. Leur système se composait donc de christianisme et de philosophie païenne : les proportions, toutefois, n’étaient pas égales dans ce mélange bizarre, et les Gnostiques étaient plus philosophes que chrétiens. Aussi, à l’exception des Marcionites, ils formaient des écoles et non des églises.

Tous les Gnostiques faisaient du dualisme la base de leur cosmogonie. Ils supposaient deux principes, Dieu et la matière éternelle. Tantôt ils admettaient, avec Platon, une matière toute passive, inerte, amorphe ; tantôt ils supposaient, avec les Perses, que la matière était le mal