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γνῶσις une connaissance approfondie des vérités chrétiennes : c’était le fruit d’une sainte et humble méditation, à laquelle pouvait s’élever tout esprit réfléchi et de quelque étendue.

Les hérétiques, au contraire, entendaient par gnose une science secrète et cabalistique, qui était le privilège de quelques initiés. Le peuple ne leur paraissait capable que d’un enseignement littéral et grossier. Les Gnostiques seuls possédaient les raffinements du savoir, et ils créaient des systèmes qui les élevaient dans des régions où la foule ne les pouvait suivre. Ils connaissaient, eux, les réalités ; le peuple réglait sa foi d’après de vaines apparences. Ils découvraient dans les textes un sens qui consacrait tout ce qu’il leur plaisait d’imaginer. C’est ainsi que Philon, à l’aide d’une allégorie forcée et pleine de mystères, découvrait le platonisme dans la Bible. Les Gnostiques allaient jusqu’à prétendre savoir plus et mieux que les Apôtres : ils avaient seuls compris les enseignements du Christ ; et seuls ils étaient capables de les bien reproduire.

Leurs conceptions philosophiques, qu’ils croyaient si supérieures à la simple doctrine chrétienne enseignée par les Apôtres, étaient cependant moins originales qu’on ne le supposerait au premier coup d’œil. C’est à tort que les Gnostiques s’enorgueillissaient de leur système, car ils ne pouvaient en revendiquer l’invention. Ceci ne les empêchait pas de regarder de haut le simple chrétien qu’ils appelaient tantôt psychique, tantôt hylique, c’est-à-dire homme dominé par l’âme animale, par les apparences et la matière.