surveillé, épié, toujours accusé. Si donc les Evangiles étaient l’œuvre de coupables faussaires, les hérétiques se seraient emparés de ce fait comme d’une arme offensive ; le vice de l’origine du Nouveau Testament ne pouvait leur échapper : c’eût été pour eux un bonheur et un profit de dévoiler la fraude. L’ont-ils fait ? Non, ils ont toujours supposé l’authenticité si gênante pour eux des Evangiles. Afin de combattre leur autorité ils ont accusé les Apôtres d’illusion et d’erreur ; mais quant à l’authenticité des quatre Evangiles, ils l’ont admise manifestement. Les Ebionites du premier siècle, Messieurs, ne pouvaient manquer d’être bien informés, et leur témoignage est deux fois impartial à l’égard des livres qui les condamnaient : pouvez-vous vous refuser de proclamer après eux que nos Evangiles sont authentiques ?
Je vous disais, Messieurs, dans la dernière leçon, que le témoignage des philosophes païens, en faveur de l’authenticité de nos Evangiles, acquérait une grande force à cause de la situation fausse que leur créaient leurs aveux. Julien et Celse étaient réduits à prétendre que Jésus-Christ avait été un imposteur et que les Apôtres avaient joué le rôle de fourbes ou d’imbéciles ! Les aveux des Ebionites entraînaient contre eux des conséquences semblables. Il leur fallut soutenir que saint Paul avait manqué d’intelligence et saint Jean de perspicacité 1 Saint Paul et saint Jean des esprits grossiers ! A qui les Ebionites pouvaient-ils persuader de telles énormités ? Ils ont cependant préféré adopter cette tactique désespérée plutôt que de nier