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foi chrétienne de tant de générations ? Messieurs, ne nous préoccupons pas des recherches du philosophe de Ferney dans le champ des antiquités ecclésiastiques : nous ferions sourire en nous montrant trop naïfs. Les indices de ces recherches n’apparaissent nulle part, par la raison bien simple que Voltaire n’en a fait aucune. Toute l’érudition de ce lettré spirituel et de ce faux savant se bornait à quelques emprunts faits à Origène dans son livre contra Celsum, au dictionnaire historique du sceptique Bayle, et à la reproduction des objections que se posait à lui-même le studieux et loyal Dom Calmet, objections que Voltaire, bien entendu, ne faisait point suivre des réponses victorieuses fournies par l’excellent religieux. Voilà tout le bilan exégétique de Voltaire et des siens ! La sentence de condamnation portée contre les Evangiles n’est donc point formulée au nom de la science. L’est-elle au nom d’un système philosophique ? Oui, évidemment oui. L’aveu en a été mille fois répété. Le christianisme était hué, conspué, blasphémé, en tant que contraire à la Philosophie. On niait Dieu ; il fallait bien nier qu’il se fût visiblement manifesté sur la terre. On affirmait la matière régie par des lois fatales et engendrant éternellement les êtres organisés et vivants ; on ne pouvait donc accepter la possibilité de l’incarnation. On érigeait en dogme que l’homme meurt tout entier ; on ne pouvait donc accepter le dogme des récompenses et des peines éternelles. La fausse philosophie des matérialistes et des athées était la règle de leurs négations bibliques ; et, lorsqu’on recherche l’explication de la grossière incul-