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plus, saint Épiphane nous apprend qu’ils admettaient l’authenticité des autres évangiles et qu’ils s’en servaient pour combattre l’autorité des Apôtres : Præterea Apostolorum alios actus conferunt in quibus plurima sunt (juxta illos) impietatis vestigia, ut vel Paulum ipsum accusare non erubescant mendacissimis quibusdam sermonibus, quos falsorum ex illo grege Apostolorum error atque improbitas excogitavit[1]. Vous le voyez, ils accusent saint Paul d’avoir répété une doctrine qu’il avait entendue dans le collège des Apôtres. Symmaque combattait de la même façon les livres saints dans ses commentaires sur la Bible : Eusèbe et Origène nous ont fait connaître ces attaques.

Les Nazaréens n’avaient, comme les Ébionites, qu’un Évangile, τὸ καθ’ Ἑϐραὶους εὐαγγέλιον, différent pourtant du leur, et même ne contenant peut-être que quelques légères interpolations.

Si ces deux sectes sont regardées par saint Jérôme comme ayant un évangile commun, c’est uniquement, je le présume, parce que leurs évangiles portaient le même titre. Nous avons sur l’Évangile des Nazaréens plusieurs témoignages ; celui de saint Irénée d’abord : Et suscipiunt quidem etiam ipsi (Nazareni) Evangelium secundum Matthæum : nam hoc solo etiam ipsi, velut Cerinthus et Merinthus, utuntur. Appellant autem ipsum Evangelium secundum Hebræos, sicut revera habent. Quod Matthæus solus hebraice et hebraicis litteris in novo Testamento Evangelii editionem et prædicationem fecit[2].

  1. S. Épiphane, adv. hæreses, xxx, § 16.
  2. S. Irénée, adv. hæreses.