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Scripturæ interpretationibus ab eodem elaboratis, testatur Origenes se a Juliana quadam accepisse[1]. Quand saint Matthieu semblait favorable aux Ébionites, Symmaque le louait ; quand l’évangéliste les condamnait, le commentateur se déchaînait contre lui. Saint Jérôme mentionne aussi ce commentaire à la fois louangeux et hostile de saint Matthieu, mais ni lui ni personne ne nous disent que les catholiques aient été accusés par les Ébionites d’avoir altéré les Évangiles. Cette accusation, au reste, était impossible. Pourrait-on aujourd’hui accuser les catholiques d’avoir altéré la Vulgate depuis cinquante ans ? Certainement non. On produirait par milliers les exemplaires des siècles passés, et leur identité avec ceux qui s’impriment aujourd’hui serait manifeste. On ferait appel aux souvenirs des anciens, on interrogerait les Églises, et l’accusation retomberait sur ses auteurs. Il en était de même au second siècle. Si les catholiques avaient été accusés d’avoir altéré les Évangiles, ils en auraient appelé au témoignage unanime des Églises, ils auraient mis en présence des textes nouveaux les textes anciens, et leur identité étant manifeste, il ne serait revenu que de la honte à leurs accusateurs.

Ne vous étonnez pas, Messieurs, si j’insiste sur ce fait ; il est pour nous une occasion de connaître la différence qui existe entre le système d’accusation employé à cette époque contre l’Église et celui dont on use contre elle aujourd’hui.

  1. Eusèbe, Hist. eccl., vi, 17.