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unusquisque eorum conetur suam confirmare doctrinam. Ebionæi etenim eo Evangelio, quod est secundum Matthæum, solo utentes, ex illo ipso convincuntur, non recte præsumentes de Domino.[1]

Dans le même traité, saint Irénée dit encore :

Qui autem dicuntur Ebionæi consentiunt quidem mundum a Deo factum, ea quæ sunt erga Dominum, non similiter ut Cerinthus et Carpocrates opinantur. Solo autem eo, quod est secundum Matthæum Evangelio utuntur et apostolum Paulum recusant, apostatam eum legis dicentes[2].

Eusèbe et saint Jérôme racontent comme un fait de notoriété publique que les Ébionites se servaient de l’évangile de saint Matthieu, qu’ils appellent tantôt εὐαγγέλιον κατὰ Ματθαῖον, et tantôt εὐαγγέλιον καθ’ Ἑϐραίους. Cet Évangile fut, en effet, écrit en syro-chaldéen. Mais entre les mains des Ébionites, il subit des mutilations et des altérations considérables. C’est ce qu’affirme saint Épiphane : Igitur in eo, quod penes illos est, Matthæi Evangelio, quanquam ne integrum quidem illud habent, sed adulteratum ac mutilum, idque ipsum hebraicum vocant[3]. Saint Épiphane prouve cette affirmation par des citations et des comparaisons. Nous savons par lui que les Ébionites avaient supprimé les deux premiers chapitres ; et leur Évangile commençait par ces mots : Factum est in diebus Herodis regis, etc.

  1. S. Irénée, adv. hæreses, l. III, ch. xi, § 7.
  2. S. Irénée, adv. hæreses, l. I, ch. xxvi, § 2.
  3. S. Épiphane, xxx, ch. 13