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Gnostiques. Je crois, Messieurs, que s’ils se déterminèrent à garder au moins quelque partie du Nouveau Testament, ce fut à cause de la vénération des premiers chrétiens pour les vénérables écrits laissés par les Apôtres. Dès le premier moment, ces livres acquirent une telle importance, qu’on se fût placé, en les rejetant, dans une condition trop évidente d’incrédulité et d’infériorité. Les Ébionites en choisirent un, celui qu’ils pensaient leur être le moins opposé, celui de saint Matthieu. Deux choses cependant devaient leur déplaire : d’abord les textes qui condamnaient manifestement leurs erreurs ; ensuite, l’absence de toute parole qui confirmât leur doctrine. Ils remédièrent à ces deux choses, en supprimant les textes qui leur étaient contraires, et en interpolant des commentaires qui leur étaient favorables. Mais, malgré ces suppressions et ces additions, l’évangile de saint Matthieu, à l’état de mutilation où ils l’avaient réduit, pouvait encore servir à les réfuter. Les réflexions que je viens de faire sont celles mêmes de saint Irénée dans son livre contre les hérésies. Vous savez, Messieurs, que saint Irénée écrivait dans la seconde moitié du iie siècle. C’était un disciple de saint Polycarpe et de Papias. Il vint dans la Gaule, vers 177, fut évêque de Lyon, après saint Pothin, et souffrit le martyre, sous Septime Sévère, vers l’an 202. 11 était donc contemporain des Ébionites, et son témoignage a une grande autorité. Voici quelques-unes de ses paroles : Tanta est autem circa Evangelia hæc firmitas, ut et ipsi hæretici testimonium reddant eis, et ex ipsis