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Tels étaient les Ébionites : on voit comment ils s’étaient éloignés graduellement du judaïsme pur, comment l’élément gnostique, mélangé d’Essénisme, était devenu prépondérant, et enfin, quel abîme les séparait de l’Église catholique. Quant à leur nom, il leur venait, d’après les uns, de leur chef Ebion ; d’après les autres, de la première communauté de Jérusalem qui était ainsi appelée. Peut-être devaient-ils cette appellation à leur attachement pour une loi indigente et pauvre, la loi juive. Ebion veut dire pauvre. Cérinthe paraît avoir appartenu à leur secte.

Les Nazaréens, c’est-à-dire les juifs pétriniens croyaient à la divinité de Jésus-Christ et à la vertu suffisante de ses mérites pour le salut. Ils suivaient cependant avec un scrupule excessif la loi juive, à laquelle ils attachaient trop d’importance, et formaient une communauté schismatique.

Voilà donc deux sectes, ennemies à divers degrés de l’Église catholique. Nées dès le premier siècle, elles étaient puissantes au second ; elles subsistaient encore au temps d’Eusèbe, et même au temps de saint Jérôme.

Quel est leur témoignage touchant les Évangiles ?

Recueillons d’abord celui des Ébionites. Il semble, Messieurs, qu’une secte aussi éloignée de l’enseignement de Jésus-Christ et de celui des Apôtres, n’aurait dû accepter aucun des Évangiles, et les rejeter tous, puisque tous la condamnaient. Cependant les Ébionites ne l’ont point fait : ils se sont rencontrés en cela avec les