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plus qu’une simple présomption en faveur de l’authenticité des Évangiles : c’est une preuve manifeste, un témoignage entièrement décisif.

Voyons les paroles de Celse.

Vous savez, Messieurs, que l’ouvrage de ce philosophe est perdu ; mais Origène, en le réfutant, nous l’a presque entièrement conservé. L’apologiste chrétien nous en avertit, il a suivi pas à pas son adversaire ; en répondant à toutes ses objections, il a même, tant il faisait scrupuleusement son œuvre, répété les réfutations quand Celse répétait ses difficultés. Le livre d’Origène est un monument de la parfaite loyauté de la polémique chrétienne. Amis et ennemis du christianisme y ont abondamment puisé ; les uns ont emprunté à Celse des armes pour le combattre, les autres des armes à Origène pour le défendre : Porphyre, Hiéroclès, Julien, et plus tard Voltaire, ont copié le philosophe anti-chrétien : presque tous les apologistes de la religion se sont inspirés d’Origène. Les objections de Celse rappellent le sens et même les termes des objections faites au xviiie siècle. La seule différence se rapporte à l’authenticité des livres saints, authenticité admise, proclamée par Celse, mais niée sans pudeur par les philosophes du siècle dernier.

Celse, dans son livre intitulé Λόγος ἀληθής, met en scène un juif qu’il fait ainsi parler contre les chrétiens : « J’aurais encore à dire, touchant Jésus, beaucoup de vérités et de choses qui diffèrent de celles que ses disciples ont écrites ; mais je les omets volontiers. »