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Celse était un philosophe épicurien. Plusieurs critiques supposent qu’il composa son livre sous Adrien, vers l’année 117 ; d’autres qu’il l’écrivit sous Marc-Aurèle, vers 160. Toujours est-il certain qu’Origène, en le réfutant, à la prière de son ami et protecteur Ambroise, au commencement du troisième siècle, déclare que ce philosophe était mort depuis longtemps. Ainsi Celse a dû naître vers le moment où mourait saint Jean l’évangéliste : il était contemporain des disciples de cet apôtre, d’Ignace, de Polycarpe, de Papias. Un ennemi des chrétiens ne pouvait pas vivre dans un temps plus propice pour découvrir les origines accusatrices des livres saints. Il a profité, au reste, de cette bonne fortune, et il a tout étudié. « Omnia novi, » dit-il quelque part ; chrétiens, je connais tout ce qui vous regarde. » Si donc les Evangiles sont une œuvre frauduleuse, il est impossible qu’il l’ait ignoré. Les hérétiques étaient là, au reste, surveillants inquiets de l’Eglise, pour l’en instruire. S’il a connu le vice d’origine de nos livres saints, il est impossible que sa haine ne le lui ait pas fait étaler à plaisir ; il est plus impossible encore qu’il ait admis positivement l’authenticité des Evangiles. Eh bien ! Celse, écrivant à une époque si favorable pour être bien informé ; Celse, d’ailleurs si ingénieux, si hardi pour combattre les chrétiens, Celse n’élève pas un doute, pas un soupçon sur l’origine des Evangiles. Au contraire, quand il les cite, et cela lui arrive souvent, il les attribue toujours aux disciples mêmes de Jésus.

Messieurs, ou je me trompe grossièrement, ou c’est ici