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qua, ancilla philosophiæ), se bornant à interpréter les Évangiles d’après des idées conçues a priori ? La critique historique et philologique aurait-elle accepté un rôle incompatible avec sa vocation, faussant sa mission, discréditant son caractère, compromettant sa dignité : celui de développer et de propager des conceptions philosophiques, qu’elle a le devoir de contrôler dans le domaine de l’histoire ? L’idéal philosophique a-t-il été un nouveau lit de Procuste, à la mesure duquel on a voulu ramener violemment le fait évangélique ?

Voilà, Messieurs, la question préjudicielle que je veux examiner avec vous.

Si, des deux hypothèses que j’expose, la dernière seule est conforme aux faits, vous comprenez tout de suite, Messieurs, quelle en sera la conséquence : la valeur des systèmes exégétiques dont il est question, sera considérablement infirmée ; elle se confondra avec celle des systèmes philosophiques dont elle ne sera plus que l’application.

Nous croyons avoir déjà le droit d’affirmer qu’il en est ainsi. En effet, si dans la leçon précédente je ne me suis point trompé en signalant comme la cause génératrice des systèmes exégétiques modernes le parti pris de nier le miracle, ce droit nous est acquis. Mais il convient d’insister sur les preuves qui raviront au rationalisme biblique le privilège de l’indépendance qu’il invoque si fièrement contre nous.

Examinons d’abord la critique que l’école athée et matérialiste des encyclopédistes fait de nos saints Évan-