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vie de son fondateur, etc. Ce sont autant de choses niées par les philosophes des premiers siècles. Selon ceux-ci, en effet, le christianisme contredisait les saines doctrines reçues partout, les lois établies et l’intérêt bien entendu de l’Etat. Ses dogmes étaient ridicules, sa morale abaissait l’humanité, son fondateur était un imposteur, disons le mot, un scélérat.

Ainsi, Messieurs, tandis que le christianisme reste toujours le même dans ses dogmes, et dans son apologétique, les doctrines qu’on lui oppose sont vouées à un continuel changement. Car le vrai est ce qui est, ce qui demeure ; l’erreur est ce qui n’est pas, ce qui varie ; dit Bossuet. Les illusions se transforment comme les fantômes de nuit qui changent de forme et d’aspect, pour peu qu’on se déplace, qu’on avance ou qu’on recule : elles n’ont pas d’objectivité.

Enfin, Messieurs, et c’est là le point que je veux établir dans cette leçon, les ennemis du christianisme nient aujourd’hui l’authenticité des Evangiles, et les philosophes des premiers siècles, malgré leur haine pour le christianisme, l’admettaient unanimement. Pourquoi, Messieurs ? Parce qu’ils étaient dans l’impossibilité de la contester. Au IIIe et au IVe siècles, les témoignages d’authenticité étaient si nombreux, si évidents, qu’on ne pouvait sans folie entreprendre de les rejeter. On n’était point réduit, comme de nos jours, à interroger les quelques restes de littérature primitive sauvés de la destruction du temps. Si, au IIe siècle, l’authenticité des Evangiles avait été atta¬