Page:Meignan - Les évangiles et la critique au XIXe siècle, 1864.djvu/294

Cette page n’a pas encore été corrigée

autour d’eux et conquis au Christ un grand nombre de gentils, lorsque l’Eglise forma un corps qui avait des membres nombreux dans toutes les parties de l'Empire et même chez les barbares, l’indifférence se changea bientôt en hostilité. Les intérêts matériels furent les premiers à donner l’alarme. La chute des idoles et la diminution des sacrifices firent jeter des cris de détresse aux fabricants de simulacres et aux vendeurs de victimes. Pline en avertissait Trajan : Prope jam desolata templa, sacra solemnia intermissa ! Les hommes d’Etat s’inquiétèrent à leur tour. Les vieilles superstitions païennes étaient intimement unies à l’empire et formaient une religion d’Etat. — Les empereurs se montraient fort tolérants pour les dieux des vaincus, et, en général, pour tous ceux qui ne refusaient pas de prendre place au Panthéon, aux pieds de Jupiter et de Vénus ; mais le Dieu des chrétiens ne pouvait consentir à cette dégradation. — Néron et ses successeurs firent revivre la loi dont parle Cicéron : Separatim nemo habessit deos, neve novos, sed ne advenas, nisi publice adscitos, privatim colunto [1] ; et cette autre loi : Qui novas et usu vel ratione incognitos religiones inducunt et quibus animi moveantur, honestiores deportantur, humiliores capite puniuntur [2]. Menacés dans leur influence par une religion qui ne s’appuyait point, comme les autres, sur une vaine mythologie, mais sur des faits incontestables ; qui prê-

  1. Cicéron, De legibus, II, 8.
  2. Julius Paulus, Sent., V, 21, 32.