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diverses modifications, est arrivé jusqu’à nous, et qui constitue le fond des attaques dirigées aujourd’hui contre nos saints livres.

On dit : la bonne foi des apôtres et l’existence de l’élément miraculeux ne peuvent être niées dans le Nouveau Testament ; mais les témoins oculaires n’ont presque rien écrit. Les Evangiles sont, en très-grande partie, des légendes recueillies au second siècle, un peu au hasard, et publiées sous le nom des apôtres.

Les Evangiles ont été rédigés, disait Eichhorn, d’après un document primitif auquel les apôtres n’étaient pas étrangers, et que l’on a ensuite embelli et surchargé de faits ; — Ils ont été écrits d’après un évangile primitif et oral, mais que l’on a altéré, disait Schleiermacher. — Strauss, profitant de la fatigue des esprits et du scepticisme produit par ces opinions aventureuses, est venu, il y a près de trente ans, nier la véracité totale des Evangiles. L’existence de Jésus-Christ se perdait, selon cet écrivain plein d’audace, dans une vaste et indéchiffrable légende. Cette insolente hypothèse produisit sur les esprits l’effet qu’y produit toujours l’absurde nettement formulé. Elle réveilla le sens historique et le goût du vrai jusque chez les contradicteurs de l’authenticité des Evangiles. On devint plus réservé. Baur, le continuateur de Strauss, a dû marcher avec plus de précaution que lui. Toutefois, il persiste à nier la participation directe des apôtres à la rédaction définitive des Evangiles, et il met tout son soin à retrancher le surnaturel partout où il le trouve. Il s’appuie pour cela sur