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268 LES ÉVANGILES.

blême, comment retrouver les lieux où se sont passés les événements d’un jour qui se rattachent à la mort de Jésus-Christ ?

C’est ici, Messieurs, que se révèle la supériorité des choses morales sur les choses profanes, de ce qui est divin sur ce qui est naturel. Les palais de Jérusalem n’ont pas laissé de trace ; les pas de Jésus-Christ en ont laissé une que rien n’a pu effacer. Non pas, Messieurs, que je prétende défendre ici toutes les légendes locales qui naissent naturellement sur les lieux où se sont accomplies de grandes actions, ainsi que poussent les rejetons à la racine de l’arbre coupé ; non pas que je prétende que l’on doive prêter une oreille docile à tous les échos de la grande voix de la tradition : comme tous les échos, ceux-ci deviennent, par l’éloignement, confus et vagues. Mais, Messieurs, je veux vous dire ce qui me paraît se dégager nettement du passé, ce qui s’affirme à la conscience de l’homme raisonnable, du chrétien qui ne veut ni s’abuser, ni s’aveugler ; qui n’apporte dans l’examen des choses ni une incrédulité systématique, ni une crédulité puérile. La concordance générale des lieux avec le récit des Evangiles suffit au but que je me propose. Le souvenir du théâtre où s’est accompli le mystère de la passion de Jésus-Christ a-t-il pu s’effacer un moment de la mémoire des chrétiens, depuis le jour où le sacrifice de l’Homme-Dieu s’acheva sur le Calvaire, jusqu’au jour glorieux du règne de Constantin ?

Voilà la question.