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266 LES ÉVANGILES.

Jérôme, jusqu’aux caravanes de ce temps-ci, qui, parties des points les plus opposés, convergent toutes vers Jérusalem pour y célébrer ensemble les fêtes de Pâques, les pèlerins n’ont jamais discontinué de visiter en troupes nombreuses les lieux saints. Un mouvement de vénération que rien n’a pu arrêter conduit les fidèles vers ce théâtre des événements qui ont le plus remué les hommes et agi le plus profondément sur les sociétés. Jésus-Christ l’a consacré par son sang, et les chrétiens par leurs larmes.

D’un autre côté, c’est aussi le lieu de la terre où se sont amoncelées le plus de ruines. Rome et Athènes étaient des villes sans histoire, lorsque déjà Jérusalem avait été pillée et détruite par Nabuchodonosor. Thèbes et Memphis, une fois complètement ruinées, ne devaient plus se relever. Aucune ville n’a eu le sort de Jérusalem. Tomber et se rebâtir, tantôt au pouvoir des chrétiens, tantôt dans les mains de leurs ennemis, se transformer toujours sans périr jamais, telle a été son histoire. Non-seulement les maisons, les palais, le temple ont été ruinés de fond en comble, mais encore les collines sur lesquelles la ville est bâtie ont changé d’aspect ; plusieurs de celles qui l’entourent ont été abaissées ; des vallées entières ont été comblées. Là où se dessinaient des jardins pleins d’ombre et de fraîcheur, on ne trouve plus que des rochers nus. C’est sur des ruines que serpentent ses rues tortueuses, c’est au milieu des ruines que ses places étroites sont bizarrement dessinées. Jérusalem a été dix-sept fois prise