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LES ÉVANGILES.

La peinture fidèle des lieux n’est cependant pas le fait des faussaires des premiers siècles. Voici le texte de saint Jean relatif à Ephrem : Jesus jam non in palam ambulabat apud Judœos, sed abiit in regionem juxta desertum, in civitatem quœ dicitur Ephrem, et ibi morabatur cum discipulis suis[1].

Ephrem, appelée Ophera, au temps de saint Jérôme, était un petit bourg situé près de Béthel. D’après Robinson, il devait être placé sur l’emplacement du village actuel de Taybeh.

Les orientaux appellent désert non-seulement les lieux couverts de sable et qui n’offrent aucune trace de végétation, mais encore ceux qui ne reçoivent pas de culture. L’expression juxta désertum, jetée au hasard par saint Jean, révèle dans l’écrivain sacré la connaissance exacte du pays et de la physionomie générale de la vallée du Jourdain.

Les collines, en effet, qui encaissent ce fleuve, sont presque partout stériles, et elles portent encore aujourd’hui le nom de désert.

Ephrem était tout près de ces collines, tout près, par conséquent, du désert. Ce détail fort simple dans le récit d’un juif eût échappé vraisemblablement à un grec. Jéricho, bâtie sur une route stratégique qui conduit de la vallée du Jourdain à Jérusalem, a toujours été une ville bien plus importante qu’Ephrem. Vous vous souvenez que c’est la première place fortifiée qu’occu-

  1. S. Jean, ch. XI, v. 54.