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20 LES ÉVANGILES.

De tous les systèmes que j’ai exposés, c’est celui de Baur qui est le mieux connu chez nous. La Revue de M. Colani, la Revue germanique, les écrits de M. Nicolas de Montauban, ont cherché à le populariser dans le cercle de leurs lecteurs.

A côté de l’école de Tubingue se place sa rivale et son ennemie, l’école de Gœttingue, dont le chef reconnu est le professeur Ewald. Son système est un mélange des hypothèses d’Eichhorn et de Schleiermacher. Lui aussi admet un Ur-evangelium et plusieurs autres évangiles qui auraient servi à former les trois premiers. Sa polémique est ardente, et trop souvent semée d’invectives. Habile et fort quand il lutte contre Baur, qu’il signale avec raison comme l’ennemi de Dieu et du christianisme, il se perd dans d’aventureuses suppositions pour établir son système. Le pasteur Reville, écrivain français dont les travaux nous occuperont plus tard, nous semble se rattacher par plusieurs points aux conceptions d’Ewald, tandis que M. Renan, tantôt à la suite de Baur, tantôt à la suite d’Ewald, se montre à la fois infidèle à l’un et à l’autre. Telle est, Messieurs, l’histoire longue et compliquée de l’exégèse en Allemagne. Elle a épuisé, on peut le croire, toutes les combinaisons possibles en dehors de la croyance catholique. Les écrits hétérodoxes qui ont paru jusqu’ici en France, et qui probablement paraîtront encore, n’ont été ou ne seront que les échos de ces conceptions arbitraires. En réfutant celles-ci dans le cours de nos leçons, nous réfuterons celles-là. Mais dès aujourd’hui nous pou-