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PREMIÈRE LEÇON. 19

battait Strauss. Le principal reproche qu’il lui adressait était de n’avoir pas expliqué la genèse des Evangiles, de les avoir attaqués par des considérations extrinsèques, de n’avoir ni compris ni expliqué leur formation. Baur se vantait d’avoir porté la lumière dans ce difficile sujet, et d’avoir éclairé pour toujours l’origine des Evangiles et de tous les écrits du Nouveau Testament. Il part du fait de la rivalité des Apôtres, causée, selon lui, par la manière différente dont ils concevaient l’Eglise chrétienne. Pierre, Jacques et Jean, ne veulent point sortir des étroites limites du judaïsme légal. Paul veut un christianisme affranchi des entraves de la loi mosaïque. Cette division subsiste jusqu’au milieu du second siècle, et se termine par une réconciliation, ou plutôt par un compromis dans lequel les parties adverses renoncent à ceux des principes qui les séparent le plus. Les Evangiles n’ont été dans leur origine, selon Baur, que des moyens d’attaque et de défense à l’usage des théories contraires des fondateurs de l’Eglise. Sous l’influence de la réconciliation, arrivée au second siècle, les Evangiles ont reçu leur dernière retouche et revêtu leur dernière forme. L’école de Tubingue se vante de mettre à la fois en lumière les traces mal effacées des premières divisions et les gages de la réconciliation. Elle distingue ce qui est primitif et postérieur, les lettres authentiques et les lettres apocryphes de saint Paul ; et c’est surtout dans l’Epître adressée aux Galates par l’Apôtre des Gentils, et dans celle de saint Jacquès, qu’elle prétend retrouver les preuves des premières hostilités.