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234 LES ÉVANGILES.

alors, il existait donc auparavant, et remonte par conséquent au Ier siècle. Dès les temps apostoliques, le berceau de Jésus-Christ fut placé dans une grotte bien connue, celle que l'on montre encore aujourd’hui au voyageur, comme objet de la vénération de tous les chrétiens. Le souvenir du massacre des Innocents devait contribuer certainement à garder vivant celui de la naissance de Jésus-Christ et des circonstances qui s’y rattachent.

Nous avons pour confirmation de cette vérité un texte de Justin. Vous savez qu’il était né à Sichem en Palestine. Selon lui, Jésus-Christ est venu au monde, non dans une étable quelconque, mais dans une grotte, σπήλαιον. Origène donne le même nom au lieu qui vit naître le Sauveur. Il est vrai, Messieurs, que l’Evangile ne parle point d’une grotte, mais seulement d’une étable. Pourquoi ne se sert-il pas de l’expression employée par Justin et par Origène ? Pourquoi, Messieurs ? C’est que saint Matthieu écrivait pour les Juifs de Palestine ; et que tous les Juifs savaient ce que savent encore les voyageurs qui ont visité Bethléem, que dans cette ville, bâtie sur un monticule, une très-grande partie des maisons sont creusées dans le roc. L’expression grotte était de nature à frapper les Grecs de l’Asie Mineure et les Romains, mais elle eût été inutile pour les Juifs de la Palestine : ils savaient que la plupart des bethléémites étaient logés dans des grottes. Saint Matthieu parle de la circonstance de l'étable, parce que c’était la seule chose qui pût impressionner ses com-