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18 LES ÉVANGILES.

Ceux même dont Strauss avait été jusque-là l’élève ou l’émule, n’osèrent se déclarer pour lui. Loin de là, ils estimèrent prudent et habile de signaler les lacunes et les faiblesses d’un livre dont ils n’avaient répudié ni l’esprit ni la doctrine.

C’est cette réaction équivoque des disciples d’Hégel, qui donna naissance à l’école dite de Tubingue. Baur, son chef, apparaît, dans ses ouvrages, encore fortement imbu d’idéalisme ; néanmoins, on sent à côté des théories hégéliennes, auxquelles il ne renonce pas, un vif et nouveau sentiment de la réalité historique de Jésus-Christ. Messieurs, je dois vous dire un mot du système auquel cet homme considérable, par son influence en Allemagne et en Suisse, a donné une grande notoriété, et dont on a voulu, à différentes reprises, introduire les idées chez nous, comme la solution définitive des problèmes relatifs aux Evangiles. Baur admet la réalité de la vie et le fait de l’enseignement original de Jésus-Christ ; mais lui aussi repousse les miracles. Le chef de l’école de Tubingue veut concilier la sincérité des Apôtres et le récit des miracles au moyen de l’idéalisme. Il ne voit, par exemple, dans la résurrection du Christ, que la réalisation subjective de cette pensée qui obsédait les Apôtres : Il faut que le Christ ressuscite d’entre les morts.

L’Evangile de saint Jean tout entier n’est à ses yeux qu’une composition idéale, la mise en scène d’une théorie chrétienne.

Mais là n’est pas l’originalité de son système. Baur com-