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ONZIÈME LEÇON. 229

« Nous aperçûmes dans la montagne (car la nuit était vériù’e) les lumières du village de Rama. Le silenCe était profond autour de nous. Ce fut sans doute dans une pareille nuit que l’on entendit tout à coup la voix de Rachel : Vox in Rama audita est ; ploratus et ululatus multus ; Rachel plorans filios suos et noluit consolari, quia non sunt ! Ici la mère d’Astyanax et celle d’Euryale sont vaincues : Homère et Virgile cèdent la place à Jérémie 1. »

La ville de Bethléem est petite : elle ne compte aujourd’hui que cent mauvaises maisons bâties en partie dans le roc, et près de six cents hommes capables de porter les armes. Elle rappelle la ville d’autrefois ; car Michée l’a appelée de son temps : petite entre mille villes de Juda. Autour de Bethléem étaient autrefois des pâturages, car David y faisait paître les troupeaux de son père. Elle s’appelait Ephrata, fertile.

II ne serait pas étonnant que l’on ne trouvât plus ces pâturages. La Palestine d’aujourd’hui ressemble si peu à la Palestine ancienne ! Voici comment Chateaubriand nous peint ce changement : « Dans cette contrée, devenue la proie du fer et de la flamme, les champs incultes ont perdu leur fécondité ; les sources ont été ensevelies sous des éboulements ; la terre des montagnes n’étant plus soutenue par l’industrie du vigneron, a été entraînée au fond

1 Rien d’antique ne se retrouve à Rama ; mais le nom demeure. Il faut donc reconnaître que ce nom seul, indice peut-être insuffisant, peut justifier la conjecture de Chateaubriand.