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ONZIÈME LEÇON 225

une vaste solitude ; les restaurations qui suivirent cet événement et donnèrent au pays tout entier une physionomie nouvelle, tout cela mettait un écrivain postérieur dans l’impossibilité de reconnaître la Jérusalem et la Judée du temps de Jésus-Christ. Ajoutez que sous Adrien on détruisit de fond en comble 985 villages et 50 places plus considérables ; et vous comprendrez quelle eût été la tâche d’un écrivain de la moitié du IIe siècle qui aurait voulu peindre le pays tel qu’il était sous Tibère. Ce n’a été qu’avec une peine infinie et des tâtonnements dé toute sorte que les savants ont pu réussir à refaire la géographie et à retrouver la topographie des villages de la Palestine aux différentes époques : leurs recherches laborieuses nous permettent seulement aujourd’hui de juger si les livres historiques du Nouveau Testament sont la peinture fidèle de la Palestine sous Auguste et sous Tibère, et s’ils ont été écrits par des témoins oculaires. Les pèlerins se sont succédé sans interruption au tombeau de Jésus-Christ, et à tous les lieux touchés et sanctifiés par ses pieds divins. Nous avons de nombreuses relations de leurs voyages. Leur piété leur faisait interroger les traditions, rechercher les monuments, et là où ces monuments étaient tombés, ils décrivaient leurs ruines vénérables. Saint Jérôme, sainte Paule, au IVe siècle, ont parcouru et habité la Judée. Au VIIe siècle, Adamannus, abbé du monastère de Sainte-Colombe, écrivit, sous la dictée de l’évêque français Arculfe, une description de la Palestine. Ce dernier, à son retour des lieux saints, poussé par une tempête sur les