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224 LES ÉVANGILES.

Tite-Live lui-même cite des noms géographiques postérieurs aux événements qu’il raconte. Ainsi il parle de Sinuessa, de Préneste, d’Arpi, lorsqu’il aurait dû employer encore les noms de Sinope, d’Argos, et d’Hippium. La vie d’Apollonius de Tyane a eu, comme on sait, Philostrate pour auteur ; mais Cet écrivain prétend avoir extrait son œuvre des notes et des mémoires d’un certain Damis qui aurait été l’ami d’Apollonius, et même son compagnon de voyage. Or, quand il peint l’arrivée d’Apollonius à Babylone, il fait de cette ville une splendide description qui n’avait plus un mot de vrai à cette époque, puisque Babylone était déserte et presque ruinée depuis que Séleucie avait attiré à elle l’ancienne splendeur de la capitale du royaume assyrien. Une pareille description ne peut donc avoir été faite par un témoin oculaire. Vous en concluez, Messieurs, que les anciens mémoires de Damis sont une imposture, et que l’auteur n’a pas puisé aux sources contemporaines, comme il s’en est vanté. Si on jette les yeux sur l’histoire de la guerre des Juifs par le faux Hégésippe, on reconnaît encore tout aussitôt l’imposture du livre. L’auteur, qui se donne comme ayant vécu sous Antonin et sous Commode, parle dans son livre de Constantinople, de la Saxe et de l’Ecosse ! C’est dans des erreurs de ce genre que seraient tombés les auteurs des Evangiles, s’ils avaient écrit au second siècle. Les nombreux changements qui précédèrent la ruine de Jérusalem ; l’horrible catastrophe qui fit de la ville sainte un monceau de ruines, et de ses environs