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ONZIÈME LEÇON. 223

d’extermination que les Romains tirent aux Juifs Sous Vespasien, sous Titus, et à la fin du règne d’Adrien. La Judée devint alors méconnaissable, et elle cessa de présenter la physionomie que lui donne l’Evangile. Si cependant le tableau de la Palestine, tracé par le Nouveau Testament, est bien celui qui lui convenait sous Tibère et Auguste, il faudra convenir, Messieurs, que c’est là pour les Evangiles une grande preuve d’authenticité. Au second siècle, tracer ce tableau était bien difficile : rien de plus dangereux que de faire la géographie d’un pays que l’on n’a pas visité ; en ce cas il faut se borner scrupuleusement à copier le récit des voyageurs, ou s’exposer à de honteux démentis.

Strabon, vous le savez, était contemporain d’Auguste, et il a écrit un livre de géographie s’étendant à une grande partie de l’empire romain. Il a fait la description de la Judée. Tous les documents de l’époque ont passé sous ses yeux. Cependant à des descriptions très-exactes il en mêle de bien fausses : c’est que Strabon avait vécu loin des lieux qu’il décrivait. La critique moderne, à l’aide de la géographie, a pu contrôler plus d’un livre ancien et déterminer le degré d’autorité qu’il mérite. On a reconnu à quelle distance des temps et des lieux étaient placés les auteurs qui se donnaient pour contemporains. C’est ainsi que Quinte-Curce a fourni la mesure de la crédibilité qui lui est due, par les erreurs géographiques qu’il a commises en écrivant l’histoire. Les anciens déjà reprochaient à Virgile des inexactitudes de cette nature.