Page:Meignan - Les évangiles et la critique au XIXe siècle, 1864.djvu/228

Cette page n’a pas encore été corrigée

222 LES ÉVANGILES.

giles ne sont point un recueil de légendes prises au hasard un siècle après les événements, mais un récit exact fait par des contemporains. Nous aurons d’autant plus ce droit, que des circonstances particulières donnent une nouvelle force à l’argument.

En effet, un siècle après la mort de Jésus-Christ, vers l’an 130, la Palestine ne présentait plus l’aspect et la physionomie que lui donnent les évangélistes. La Palestine avait été bouleversée, ruinée de fond en comble, précisément aux lieux qu’habitait Jésus-Christ. Vespasien, Titus, Adrien avaient semé partout la ruine et la désolation. — Aujourd’hui les guerres modernes laissent encore des traces profondes ; mais ces luttes armées ne peuvent être comparées sous ce rapport aux guerres anciennes. Piller, brûler les villes et les villages, massacrer des populations entières, les déporter en masse, voilà, Messieurs, l’affreux tableau qu’offrent trop souvent les guerres des peuples anciens. Il n’en est plus ainsi, grâce à Dieu : général et soldats s’accordent par un mouvement généreux à rendre la guerre moins odieuse et moins cruelle, à épargner les vieillards, les femmes, les enfants, et même à respecter les monuments. Quand je dis, Messieurs, que tel est le droit moderne de la guerre, je ne puis oublier qu’il a été quelquefois, et, qu’à l’heure présente, il est encore méconnu. Mais dans ces cas, heureusement rares, un cri de réprobation universelle flétrit les coupables et constate le droit moderne, le droit chrétien. — Ce droit était inconnu dans la guerre