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220 LES ÉVANGILES.

Φιλορωμαῖος, Φιλοκλαύδιος. Le nom de Claude, qui est devenu plus tard un type d’imbécillité morale, semblait alors à des rois courtisans un titre à l’illustration. La flatterie est parfois bien mal inspirée.

Enfin, Messieurs, permettez-moi de citer ici un dernier indice de la contemporanéité du livre du Nouveau Testament avec les Apôtres. Ce témoignage, il est vrai, s’appliquerait mieux aux Actes qu’aux Evangiles., Mais comme l’authenticité du livre des Actes des Apôtres vient en confirmation de l’authenticité des Evangiles, l’indice dont je veux parler n’est pas sans valeur dans la question qui nous occupe. Vous savez que saint Luc appelle proconsul le magistrat de Chypre converti par saint Paul. L’exactitude de ce titre de Proconsul a été niée par la critique. On s’appuyait sur cette raison que l’île de Chypre était gouvernée par un propréteur, non par un proconsul, lorsque Saint Paul la visita. Auguste, s’en étant réservé l’administration, devait y maintenir un propréteur, et l’on citait à l’appui un passage de Strabon (liv. XVII, p. 840). Mais plus tard on découvrit un texte de Dion, d’après lequel Auguste avait cédé au sénat, en échange de la Dalmatie, l’Ile de Chypre, qui fut dès lors régie par Un proconsul, « Καὶ οὕτως ἀνθύπατοι καὶ ἐς ἐκεῖνα τὰ ἔθνη πέμπεσθαι ἤρξαντο. » On trouve la confirmation de cette particularité dans une pièce de monnaie du temps de Claudius César, époque à laquelle saint Paul visita l’île de Chypre. Cette pièce porte d’un côté l’effigie de Claude ; sur l’autre on lit le titre de proconsul (ἀνθύπατος), donné à Cominus Proclus.