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214 LES ÉVANGILES.

étaient destinés à divers usages. Quatre recevaient le tribut du temple et l’argent pour les sacrifices, et les autres les dons offerts volontairement pour l’eneens, le bois et les décorations.

Ici donc se révèle encore une frappante exactitude. Il n’est question qu’une fois de la monnaie hébraïque dans le Nouveau Testament. Nous en avons déjà donné la raison. La monnaie nationale était peu commune ; on n’en frappait plus depuis longtemps. Ce n’était qu’à de rares intervalles de liberté que les Juifs avaient pu user de ce privilège. Les Lagides et les Séleucides ne le permirent guère ; les rois machabées frappèrent des sicles ; mais la domination romaine abolit cet exercice de l’autonomie royale. Le silence des évangélistes est donc ici parfaitement en rapport avec l’histoire. Vraisemblablement un rabbin du second siècle, écrivant une légende, aurait eu la fantaisie de parler des sicles, du gérah, du hazi, du rabiah, etc. Il eût par cela même décelé la fraude aux yeux du numismate. Rien de semblable dans les Evangiles. Au temps de Tibère, on payait l’impôt du temple lui-même avec des drachmes ; toutefois, comme les Juifs répugnaient à verser dans le trésor du temple des pièces portant des effigies d’hommes ou d’animaux, les Romains avaient fait frapper beaucoup de bronze sans ces effigies. Les collections numismatiques 1 renferment un grand nombre de ces pièces ; elles ont pour types : le palmier, les épis de blé, les vases des

1 Nous citerons en particulier celle de M. Melchior de Vogué, qui nous a prêté dans nos vérifications son gracieux concours.