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DIXIÈME LEÇON. 213

ciations. Sont-elles donc sans valeur pour l’antiquaire et pour le critique ?

Il est question du λεπτόν (minutum) dans une circonstance bien touchante. Nous pourrions, si c’était notre sujet, insister sur les plus petits détails qui se rapportent au fait que nous voulons mentionner, et ces détails ne seraient point inutiles, car ils n’ont pu être connus que d’un écrivain contemporain. Jésus venait se reposer dans le temple, au milieu des fatigues de son rude ministère ; un jour qu’il était assis près du trésor (gazophylacium), et qu’il regardait la foule déposant son offrande dans les troncs, il remarqua les riches qui laissaient tomber bruyamment des pièces de grande valeur. Vint alors une pauvre veuve qui n’y mit que deux λεπτά. Jésus-Christ s’écria : « Voyez cette femme ! elle a donné plus que tous les autres. Tous ont donné de leur abondance, et elle, dans sa pauvreté, a donné toute sa nourriture 1. »

« Et sedens Jésus contra gazophylacium, aspiciebat quomodo turba jactaret as in gazophylacium, et multi divites jactabant multa. Cum venisset autem vidua una pauper, misit duo minuta, quod est quadrans... » « Ait illis : plus omnibus misit ! Omnes enim ex eo quod abundat illis miserunt, hæc vero de penuria sua omnia quæ habuit, misit totum victum suum. Près du gazophylacium se trouvait en effet un des treize troncs placés dans le temple. Les rabbins nous apprennent que ces troncs, qui avaient la forme d’une trompette,

1 Marc, XII, 41.