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212 LES ÉVANGILES.

Luc. Tous deux rapportent avec une légère variante la parole de Notre-Seigneur estimant un passereau. Nous lisons dans saint Matthieu : Nonne duo passeres asse veneunt ἀσσαρίου 3 ? Et dans saint Luc : Nonne quinque passeres veneunt dipondio 4 ?

On pouvait donc se procurer, au temps de Jésus-Christ, deux passereaux pour un as et cinq pour deux as. Ce taux paraîtra fort exact à tout le monde, et le prix de ces oiseaux vulgaires ne paraît même pas avoir changé. Il se pourrait bien que quelqu’un de mes auditeurs ait entendu crier aux passants, à l’extrémité du Pont-Neuf : Deux moineaux pour un sou, ou cinq pour deux sous. Il est question deux fois du quadrans dans les Evangiles : une première fois dans saint Marc : Duo minuta quod est quadrans 1. Une seconde fois dans saint Matthieu, qui, voulant exprimer la rigueur avec laquelle les juges de la terre procèdent dans leurs sentences, dit : Réconciliez-vous avec votre créancier avant d’arriver devant le tribunal, autrement vous serez jetés en prison et vous n’en sortirez pas que vous n’ayez payé le dernier quadrans 2 ! Non exies inde donec reddas novissimum quadrantem ; comme on dirait aujourd’hui : Vous payerez jusqu’au dernier centime ; et plus exactement encore : jusqu’à ce que vous ayez payé le dernier liard, ainsi qu’on s’exprimait il y a cinquante ans. Ce sont là des observations minutieuses, mais elles révèlent l’exactitude des appré

1 Matth., X, 29. — 2 Luc, XII, 6. — 3 Marc, XII, 42. — 4 Matth V, 26.