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DIXIÈME LEÇON. 207

plus, les Romains réclamèrent pour eux l’impôt du temple, de deux drachmes ou deux deniers. Ainsi, voilà un grand changement ; l’impôt payé aux Romains est considérablement élevé. Si les Evangiles ont été écrits, comme on le dit, au second siècle, ils ont été composés à une époque où les Juifs ne payaient plus depuis longtemps le cens. On exigeait d’eux le double de la somme demandée au temps de Jésus-Christ. Les évangélistes ne vont-ils point ici se méprendre ? Citons saint Matthieu :

Mittuntei Pharisœi discipulos cum Herodianis dicentes ; Magister, scimus quia verax es et viam Dei in veritate doces ; et non est tibi cura de aliquo ; non enim respicis personam hominis. Dic ergo nobis quid tibi videtur, licet censum κῆνσον dare Cœsari, an non ? Cognita autem Jesus nequitia eorum, ait : Quid me tentatis, hypocritœ ? Ostendite mihi numisma census. Illi obtulerunt denarium. Et ait illis Jesus : Cujus est imago hœc et superscriptio ? Dicunt ei : Cæsaris, Tune ait illis : « Reddite ergo quœ sunt Cæsaris Cœsari, et quœ sunt Dei Deo. »

D’abord je remarque dans cette citation qu’il s’agit du cens, κῆνσον, et non de l’impôt prélevé après la ruine de Jérusalem, φόρον. Ce simple mot m’indique un écrivain parfaitement informé. Mais voici une autre circonstance remarquable. La pièce qui sert à payer le cens est un denier, et ce denier porte l’effigie de César. La numismatique m’apprend que l’effigie de César n’était pas sur la