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204 LES ÉVANGILES.

étaient très-communs à l’époque des Séleucides ; le demi-sicle était alors très-rare 1.

Ainsi, Messieurs, rien de plus exact et de mieux justifié que le langage des Evangiles relatif à la drachme, au statère, et à l’évaluation de l’impôt en monnaie grecque. Le Nouveau Testament parle aussi de la mine et du talent avec la même justesse.

Rappelez-vous la parabole de l’homme noble qui, pour occuper ses serviteurs pendant son absence, leur remet à chacun une mine à faire valoir par le commerce. Homo quidam nobilis abiit in regionem longinquam accipere sibi regnum. Vocatis aulem decem servis suis, dedit eis decem mnas et ait ad illos : negotiamini dum venio 2. Le maître donne à chaque serviteur une mine. Or, la mine égalait cent drachmes ou quatre-vingt-seize francs. Cette somme, à une époque où l’argent était rare et où l’on payait comptant, était un fonds de quelque valeur, et qui suffisait pour trafiquer. L’Evangile parle donc de la mine avec exactitude.

On peut faire la même remarque à l’égard du talent. Le talent valait soixante mines, ou six mille drachmes, c’est-à-dire cinq mille cinq cent soixante francs trente centimes de notre monnaie. C’était donc une somme considérable. Aussi dans quelle circonstance l’Evangile parle-t-il du talent ? Ce n’est plus à l’occasion du trafic de pauvres gens, c’est quand un roi fait rendre compte de sa gestion

1 Il en devait être ainsi, puisque, faute d’avoir un demi-sicle, il fallait payer un droit d’échange d’une demi-obole. Le changeur rendait dix grains à celui qui remettait le tétradrachme. — 2 Luc, XIX, 13.