Page:Meignan - Les évangiles et la critique au XIXe siècle, 1864.djvu/209

Cette page n’a pas encore été corrigée

DIXIÈME LEÇON. 303

payer le didrachme. Les sicles, essentiellement juifs, étaient devenus très-rares sous la domination des princes syriens. Ce fut seulement sous la restauration asmonéenne que Simon, Jonathan, etc., frappèrent quelques sicles ; mais au temps de Jésus, l’usage des drachmes avait prévalu ; elles étaient communes, tandis que le sicle était rare. La venue de Jésus à Capharnaüm, dont il est ici question, avait lieu un mois à peu près avant la passion. C’était précisément le mois Adar, puisque le Christ est mort dans le Nisan. Jésus-Christ trouvait à leur poste, dans la Galilée, tous les collecteurs d’impôt. Jésus dit donc à Pierre : Pour que nous ne les scandalisions point, va au lac, et jette l’hameçon ; retire le premier poisson qui se prendra, puis, ouvrant sa gueule, tu y trouveras un statère ; prends-le, et donne-le pour toi et pour moi : Invenies staterem, ilium sumens, da eis pro me et te.

D’après ce que nous avons dit, le lecteur comprend cette nouvelle expression : staterem invenies. Le statère, c’était la valeur de l’impôt pour deux personnes ; il égalait quatre drachmes : deux devaient satisfaire pour Jésus et deux pour Pierre. Si l’évangile de saint Matthieu avait été rédigé au second siècle, le mot didrachme aurait été remplacé par le mot sicle. Car le Talmud évalue l’impôt en sicles et non en drachmes, et il n’y avait plus au second siècle, parmi les Israélites, que le langage strictement juif1. On sait enfin par Josèphe (Antiq. juiv., XXIII), que les didrachmes

1 Voyez le Talmud, traité des sicles.