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les places publiques, aux portes des villes. Assis devant une table sur laquelle se trouvaient deux vases pour recevoir l’argent, ils disaient aux passants : payez-vous l’impôt ? Ils ne contraignaient personne. Le pauvre, l’enfant, la femme ne payaient pas, mais tous les autres étaient sollicités avec instance. Voici un texte de l’Évangile qui se rapporte à ces circonstances de l’impôt : « Comme on arrivait à Capharnaüm, ceux qui recevaient le didrachme s’approchèrent de Pierre et lui dirent : Votre maître ne va-t-il pas payer le didrachme ? Pierre répondit : oui. Et comme il entrait dans la maison, Jésus passa devant lui et lui dit : Que t’en semble-t-il, Simon ? de qui les rois de la terre reçoivent-ils le tribut ou le cens ? est-ce de leurs enfants ou des étrangers ? » Et cum venissent Capharnaum, accesserunt qui didrachma accipiebant, ad Petrum, et dixerunt ei : Magister vester non solvit didrachma ? Ait : Etiam. Et cum intrasset in domum, prævenit eum Jésus, dicens : Quid tibi videtur, Simon ? Reges terræ a quibus accipiunt tributum vel censum ? a filiis suis, an ab alienis ?

Interrompons ici le texte : demandons-nous la raison de cette expression : payez-vous le didrachme ? Le didrachme était une monnaie grecque qui équivalait à peu près à la moitié du sicle ; c’était l’impôt du temple. Quatre drachmes faisaient un peu plus qu’un statère ou sicle[1]. Payer le demi-sicle, le didrachme, le demi-statère, étaient des expressions synonymes. On comprend pourquoi, au temps de Jésus, on ne disait pas : payer le demi-sicle, mais

  1. Le sicle s’appelait Στατήρ en grec.