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198 LES ÉVANGILES.

des renseignements très-exacts et très-minutieux. Le denier romain, par exemple, valait au temps de Jésus-Christ à peu près quatre-vingts centimes de notre monnaie ; il était d’argent. Depuis cette époque, il a constamment perdu de sa valeur, bien que son nom lui soit resté. Les monnaies en général subissent la même dépréciation. La raison en est fort simple : les princes les refondent. Mais comme l’argent s’use, et que la refonte entraîne quelques frais, les princes veulent s’indemniser. Tout le monde sait que souvent les rois ont cherché dans la refonte des monnaies un moyen de s’enrichir aux dépens du public : battre monnaie est, dans le langage français, le synonyme d’une richesse inépuisable. On conservait le nom d’une pièce d’or ou d’argent, mais on rognait son diamètre, on amincissait son épaisseur. Quelque discutable que fût le procédé au point de vue de la justice, il valait mieux encore que celui qui consistait à ajouter du cuivre à l’argent ou de l’étain au cuivre. C’est ainsi que, par un amoindrissement continuel, le denier, qui était d’argent au temps d’Auguste, s’était métamorphosé en cuivre et ne valait déjà plus guère que trois centimes au temps de Dioclétien , et la journée de travail d’un manœuvre se payait alors vingt-cinq deniers.

A côté des difficultés générales que présente toujours et partout l’évaluation des monnaies, il y en avait de particulières pour les Juifs à l’époque où vécut Jésus-Christ. C’était la variété des types et le grand nombre de monnaies étrangères en circulation. Il y avait la monnaie