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14 LES ÉVANGILES.

de ce corps d’évangélistes infidèles ni de leurs thèmes embellis ? Si, au contraire, leurs prédications étaient toujours uniformes, elles devaient être gravées dans la mémoire du peuple chrétien, de manière à rendre sensibles les additions et les altérations ultérieures. On se serait récrié : la fraude eût été impossible. Le corps des évangélistes prêchait sous la surveillance des Apôtres ; et leur parole ne pouvait avoir d’autorité qu’à la condition d’être conforme à celle des compagnons du Sauveur.

Schleiermacher introduisit une troisième hypothèse. I1 supposa une multitude d’écrits évangéliques que leur existence obscure rendait facilement altérables. C’est au second siècle, dit-il, que l’Eglise choisit parmi ses évangiles ceux qui lui convinrent le mieux pour les ériger en écrits canoniques. Deux mots suffisent pour répondre à cette hypothèse. Si, parmi les écrits évangéliques d’abord en circulation, il existait des récits apostoliques, ces récits ne pouvaient rester obscurs, ni demeurer confondus parmi les autres. S’il n’en existait pas, il a été impossible de les créer après la mort des Apôtres.

Je voudrais bien, Messieurs, vous épargner la fatigue qui peut résulter pour vous de l'émunération de tant d’hypothèses, nées du parti pris de bannir le surnaturel de l’Evangile, et enfantées, pour ainsi dire, par l’horreur des miracles. Cependant il faut vous montrer que chacune d’elles est beaucoup moins croyable que le thème traditionnel. La discussion de tant de systèmes contradictoires est profitable ; elle nous fait toucher du doigt l’impossibi-