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186 LES ÉVANGILES.

avaient en horreur les Samaritains. Au sein de la Judée se trouvaient en présence quatre partis : les pharisiens, les sadducéens, les hérodiens, les esséniens. Chacune de ces sectes avait sa doctrine propre, ses usages, ses haines, ses exclusions et souvent ses caprices. Etait-il possible à des écrivains du second siècle de parler pertinemment de ces individualités collectives qui avaient disparu depuis un siècle, et de faire mouvoir Jésus-Christ, au milieu de tant de complications, d’une manière si savante, si correcte, que jamais aucune des conditions de cette ordre de choses essentiellement contingent ne fût méconnue ?

Les évangélistes parlent pourtant de toutes ces factions sans se méprendre jamais. Ils abondent en détails minutieux qui défient toute contrefaçon. Voyons Jésus dans ses rapports avec les Samaritains. Le Christ aborde franchement ce pêle-mêle d’idolâtres et d’israélites infidèles, ces Cutéhens, ces bannis, ces voleurs, ces débiteurs insolvables, tous ennemis déclarés des Juifs. Le Sauveur se présente à eux, libre de haine, sans défiance et comme un ami : cette conduite étonne ; et la samaritaine n’y comprend rien, « Comment vous qui êtes juif, disait celle-ci à Jésus, me demandez-vous à boire, à moi qui suis samaritaine ; Judœi non coutuntur Samaritanis ? Jésus traverse une autre fois la Samarie, et il est mal accueilli par ses habitants ; et pourquoi ? parce qu’il contrarie leurs préjugés schismatiques en allant célébrer la Pâque à Jérusalem : Il avait l’air, aux yeux des Samaritains, dit