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NEUVIÈME LEÇON. 185

Ces désordres et cet arbitraire dans la transmission du souverain pontificat, trouve sa constatation dans les Evangiles ; il semble en effet qu’au temps de la mort de Jésus,il y ait eu à Jérusalem deux grands prêtres. Ils n’exerçaient point à la vérité leurs fonctions en même temps, mais on suppose qu’ils alternaient chaque année. Caïphe succédait à Anne, et peut-être Anne à Caïphe ; si cette alternance n’est pas prouvée, du moins des mutations fréquentes sont évidemment indiquées dans l’Evangile : Caïphe était pontife cette année-là. Ce n’était plus par la durée de la vie que se mesurait la durée des pontificats, mais par année : Erat Pontifex anni illius 1. Comment un écrivain ignorant du second siècle, alors que le pontificat lui-même avait disparu sans retour, aurait-il pu parler exactement de ces faits ? Pouvait-il deviner une situation civile aussi compliquée, les luttes de juridiction, les ingérences, les concordats ? D’autres faits considérables venaient ajouter à l’étrange complication sociale de la Palestine. A côté des lois, des exigences et des concessions, des libertés et des vexations de la domination romaine, se trouvaient les préjugés, les passions, les opinions et les prétentions des partis juifs qui avaient grandi au sein du judaïsme.

Personne n’ignore les principales sectes juives au temps de la vie de Jésus. Les Israélites qui habitaient la Judée faisaient peu de cas des Galiléens; les Galiléens à leur tour se méfiaient des hommes de la Judée ; les uns et les autres

1 Jean, ch. XVIII, v 13.