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NEUVIÈME LEÇON. 179

Les évangélistes, exclusivement occupés de l’histoire de Jésus, ne s’inquiètent guère de l’histoire des Tétrarques : cependant ils ne l’évitent jamais. Cette observation montre que les écrivains étaient bien informés. En effet on évite de parler de ce que l’on sait peu ou point. L’auteur de l’Evangile apocryphe arabe, par exemple, veut raconter la vie de Jésus en Egypte : mais il omet soigneusement de parler de l’état civil et politique de ce pays qu’il ne connaît pas. Cependant, entraîné une fois par son sujet, l’écrivain se hasarde à en dire un mot ; et ce mot révèle toute son ignorance. Il suppose, sous le règne d’Auguste, que Jésus, Marie et Joseph, visitant l’Egypte, s’en vont à Memphis. Pourquoi ? Pour y visiter Pharaon ! — Pharaon, sous le règne d’Auguste ! Pharaon alors à Memphis ! — Ce serait de pareilles bévues qu’eussent commises les historiens de Jésus, s’ils avaient été d’ignorants écrivains composant ou remaniant au IIe siècle une histoire qu’ils ne savaient pas.

Or, les évangélistes n’évitent point de parler de l’état politique de la Judée ; et, quand ils en parlent, c’est avec une précision qui déconcerte complètement le système des rationalistes. Les preuves sont manifestes.

Lorsque, par exemple, le sujet les amène à mettre en scène Hérode-Antipas, le tétrarque de la Galilée, bien loin de contredire l’histoire, ils la confirment et ils l’éclairent. Les Evangiles nous apprennent que Jean-Baptiste, poussé par un zèle qui ne redoutait rien, n’avait pas craint, dans l’intérêt de la morale publique, de reprocher à Hérode-Antipas lui-même de vivre criminellement avec la femme